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Marvin de Vincent Virgine Saison 1 . Collection Pulp Edition La Bourdonnaye 161 p

Oeuvre proposée en format papier mais aussi en version électronique . 

Entreprise originale et attrayante que celle de la collection Pulp aux Editions La Bourdonnaye . Un peu à la manière des romans en épisodes que l'on trouvait dans les journaux , à l'époque d'Eugène Sue et de Ponson du Terrail , on nous offre là des Saisons , constituées chacune de six épisodes , on pense aussi aux multiples séries que les chaînes télévisées peuvent nous proposer ... 

Voici la Saison 1 de Marvin , roman noir écrit par Vincent Virgine . 

Tout commence dans le métro parisien où un homme , qui pourrait être Monsieur Tout Le Monde , qui n'est ni chômeur ni SDF , mais qui , en apparence , est , bien au contraire , tout à fait intégré à la société , puisqu'il travaille dans un bureau , finit , excédé par l'inhumanité qui transpire de la faune humaine hantant chaque jour ce monde glauque et souterrain , par tuer un homme au couteau ... 

D'autres victimes suivront et le meurtrier en série peaufinera , chaque fois un peu plus , ses crimes . On apprendra que son passé est lourd , fort lourd et que son rapport avec son père reste très spécial . 

Cet homme est suivi , tout au long de ses errances et de ses délires par l'image de Cassy , une belle blonde aux yeux noisette , qui représente une espèce d'idéal féminin que seul Marvin semble respecter dans le monde pourri qu'il côtoie quotidiennement . 

Comme tout roman policier qui se respecte , Miles est le policier chargé d'enquêter sur les meurtres en série : personnage cabossé par la vie , s'il en est , adepte du whisky , pour survivre ; quant à Berny c'est le bistrotier préféré de Miles . 

Vincent Virgine a choisi le monologue intérieur pour faire parler ses personnages et c'est là que tout sort de l'ordinaire et devient très intéressant ... Un roman uniquement bâti sur les pensées intimes qui se bousculent dans la tête du meurtrier , de l'enquêteur , du taulier ... Nous sommes loin des romans calibrés , au mot près , de Mesdames Higgins Clark et compagnie , loin des narrations convenues , des descriptions standardisées de personnages ou de paysages qui font que tous les thrillers , à l'heure actuelle , se ressemblent ! .... Foin de ces pages au profil de poupées siliconées écrites au kilomètre : là c'est du lourd , du brut , de l'authentique ... et on a envie de dire ... enfin ! .... 


Voici ce que donne une course dans le métro pour se rendre quotidiennement sur son lieu de travail : 

" Je m'demande c'que j'fous là , à sept heures et demie du mat . 
Le badge . 
Le bip . 
Le tourniquet . 
La porte anti-fraude . 
Descendre . 
Station Stalingrad . 
Queue de poisson . 
Au panneau , les prochains arrivent dans une minute . 
Vite . 
On stoppe . 
Contourne . 
Descendre encore . 
Plus vite ; 
Pas se faire doubler . 
Accélère la cadence . 
Près du mur . 
Dans l'angle accident . 
Un choc violent . 
Seulement un regard . 
Pas un mot . 
On repart . 
A terre , la gouttière . 
Remplie de pisse . 
ça schlingue . 
L'épaule me fait mal . 
Juste un instant . 
Puis oublie . 
Il est là . 
Courir . 
Pas le rater . 
L'alarme . 
Sauter . 
Dans le wagon ; 
J'ai chaud , transpire . 
... " 

De même , voici un mauvais réveil , parmi tant d'autres , de l'enquêteur Miles : 

" J'me tourne dans mon lit , y a un soleil de plomb qui semble s'abattre sur moi dans mon rêve , j'ai le torse complètement mouillé et j'arrive à voir le bout de mon sommeil . Enfin , j'ouvre un oeil et j'vois que je m'étale encore une fois tout habillé , étendu comme un sac , par-dessus les couvertures , les bras en croix , la tête tournée . 
En un éclair , j'me redresse sur mon lit , perdu au milieu de nulle part , cherchant quelque chose de la réalité à quoi m'accrocher . 
La sonnerie . 
Le téléphone . 
Elle vient m'arracher à la nuit douloureuse . Faut un sérieux motif pour qu'on vienne me déranger comme ça . ... " 


Intéressant rapprochement , tout au long de ce récit , entre le discours intérieur du meurtrier Marvin et celui de l'enquêteur Miles au point qu'on se demande , en fin de compte , qui est le plus fou , le plus délirant et qu'est-ce que la folie ? .... Cette impression angoissante que la vie de dingue que les gens mènent peut les faire basculer dans le crime à tout moment ... 

L'écriture de Vincent Virgine est hypnotique , saccadée , hachée , brusque , à l'image de ce qui défile à toute vitesse dans le cerveau de ses personnages . C'est un véritable travail sur les mots et la phrase qui nous est proposé là et il convient , non seulement de le signaler mais de le saluer , avec enthousiasme . Si ce jeune écrivain continue sur cette voie , il peut devenir un de ceux qui auront un style , bien à eux , et que l'on reconnaîtra à la première phrase ! .... 


Inutile de souligner que j'attends la Saison 2 et ses six épisodes avec impatience , Monsieur Vincent Virgine ! ... En attendant , je conseille à mes lecteurs de prendre l'ouvrage papier dans leur valise de vacances ou de se procurer la version numérique , ils découvriront , pour leur plus grande satisfaction , un début de polar écrit et conçu différemment ! ...  

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Tag(s) : #Critique Marvin saison 1
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